Plus que huit mois

Plus que huit mois à former, entraîner, aguerrir cette petite poignée d'élèves qui me reste après trois déménagements.

Vingt-deux élèves de grande section plutôt faciles à vivre, dans la même école et la même salle que l'année dernière : ces circonstances favorables devraient me permettre d'améliorer mes pratiques professionnelles.

En principe, et si ça se passe aussi bien que l'année précédente - et ça se passera mieux encore -, ils seront prêts à surmonter l'apprentissage de la lecture en CP et tout le reste du programme sauf, sauf qu'à baigner dans un univers où tout leur est permis, un grand nombre d'entre eux développeront orgueil et irrespect envers les institutions et les savoirs, pour aboutir dans un collège peu glorieux, céder aux mauvais sujets qui terrorisent les derniers bosseurs et, et après, quel avenir attend ces futurs adultes, ces futurs pères et mères, oncles et tantes ?

Plus que huit mois pour infléchir les caractères, encourager les timides, décourager les têtus, rassurer les parents. C'est si peu qu'il faut en goûter chaque jour, jours parfois passés à fuir l'insistance bouillonnante des élèves, à culpabiliser pour les minutes perdues à cause d'un exercice trop ambitieux ou trop simple. Ils méritent plus d'investissement de ma part.

Je progresse à mon rythme : cette année, la priorité est donnée aux "arts visuels" et au travail en séquences. Jusqu'à présent, j'ai été incapable de travailler en séquences. J'attaque la programmation, bille en tête, semaine par semaine, jour après jour, mais depuis la rentrée j'ai encore et encore laissé tomber les séquences. Sont-elles indispensables ? Utiles ? Que m'apporteraient-elles de plus sinon du temps libre en moins ?

Plus que huit mois pour commencer à travailler en séquences.