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Vise le prof !
28 mars 2009

Réponse ouverte

« Une lettre ouverte » au président de la République circule par courriel.


Monsieur le Président,


Cette manie d'interpeller directement un type qu'on méprisera quoiqu'il entreprît, entreprenne ou entreprendra n'est-elle pas touchante ?

La France doit compter plus de « présidents » (de clubs, d'associations, d'entreprises, de partis, d'institutions, de collectivités...) que d'AOC. J'imagine que s'adresser au plus éminent d'entre eux procure un sentiment d'importance, soulignant la gravité du message ou de la mission. Mais la suite est-elle digne de l'intention ?


Parents d’élèves d’écoles primaires publiques de la Loire, nous vous adressons cette lettre car nous sommes inquiets des réformes actuellement mises en œuvre ou à venir qui concernent l’Education Nationale.


Donc, on écrit au président de la République pour annoncer qu'on s'adresse, en fait ou aussi, aux parents d'élèves qui sont en réalité les destinataires qu'on souhaite associer aux signataires de la lettre. « Chers parents d'élèves, l'heure est grave puisqu'on vous parle au président de la République française. »


Nous déplorons la dégradation persistante des moyens attribués à l’Education Nationale.


« Manque de moyens » est le jargon des syndicats de fonctionnaires pour faire croire au public que leurs missions sont financièrement asphyxiées et pour réclamer aux collectivités « plus de postes », en escomptant recruter « plus de syndiqués et d'idiots utiles » pour mener les luttes politiques des syndicalistes.

Parce qu'il ne s'agit pas des murs, des livres, des cahiers et des craies qui manquent aux collègues en Afrique. Il ne s'agit pas non plus de budget, celui augmentant plus vite que celui de l'État, d'année en année, depuis longtemps, au point que la France est l'un des pays qui dépense le plus pour ses élèves dans le monde. Non, « des postes, des postes, des postes ».


nos écoles maternelles et primaires subissent cruellement la dégradation entraînée par les coupes franches opérées dans le budget de l’Education Nationale ?


Ânerie ou mensonge ? N'oublions pas que ce sont des enseignants qui écrivent au président de la République devant les parents de leurs élèves (ou l'inverse).

Le budget de l'école primaire, comme tous les autres budgets de l'Éducation nationale, est un des rares budgets d'État n'ayant connu que des augmentations régulières de 2002 à 2008 (je n'ai pas remonté avant mais l'évolution doit être la même).

Une source qui sera aisément recoupée, au besoin : http://media.education.gouv.fr/file/2008/91/8/chap10-2_33918.pdf


Est-il besoin de rappeler les difficultés rencontrées et subies par les enfants, les enseignants et les parents ?

- Depuis plusieurs années, les postes supprimés dans l’Education Nationale augmentent, alors que le nombre d’enfants à accueillir augmente lui aussi (n’oublions pas que nous avons le meilleur taux de natalité d’Europe !)


Eh oui, mais les effectifs accueillis dans le public sont constants depuis 1990 (http://media.education.gouv.fr/file/81/9/5819.pdf, Tableau 2). Est-ce que les établissements privés et les nouvelles formes d'éducation parascolaires épongent la hausse des effectifs scolaires ?


- Le remplacement des enseignants absents n’est pas toujours assuré actuellement. La réforme prévoit de faire intervenir des personnels précaires et non formés. La disparition des IUFM qui formaient les enseignants semble sous-entendre qu’être enseignant n’est pas un métier spécifique, n’importe qui pourra donc s’improviser maître d’une classe ? C’est prendre un bien grand risque pour nos enfants !


Il est possible que ce soit déjà le cas et que les IUFM y soient pour beaucoup (la décomposition de la République comptant pour le reste).


- La scolarisation des enfants de moins de trois ans est partout remise en cause.


Pas dans mon école, en tout cas. Donc pas partout.

Ensuite, ces effectifs ne sont plus comptabilisés dans les effectifs des écoles. Une section maternelle de l'Yonne était passée de près de trente élèves à une vingtaine l'année suivante. La maîtresse a refusé tous les tout-petits. QUI « remet en cause la scolarisation des enfants de moins de trois ans » ?


- Les classes se retrouvent surchargées (ce qui fragilise les conditions d’apprentissage de tous les élèves), même quand les locaux ne sont pas adaptés. En milieu rural, de plus en plus de classes à cours multiples ont des effectifs importants.


Classe unique du Tilleul-Dame-Agnès (Eure) : 48 élèves de 6 à 14 ans en 1933, au moins 30 en 1936.

Ah oui, ce n'était pas les mêmes élèves.

Pourquoi ? En tout cas, ce n'était pas une question de « moyens », parce que l'encadrement et le matériel sembleraient indécents en regard des standards français actuels.

On se demande moins souvent, encore, si c'était les mêmes enseignants.


- Le personnel nécessaire à l’accueil des enfants handicapés n’est pas présent ou non-qualifié.


Dommage car ce personnel reste, en théorie, le personnel enseignant.

Explication pour les personnes qui se sentent concernées : la grande majorité des enseignants français éprouvent à l'égard des enfants handicapés une phobie (peur de n'être pas à la hauteur) qui les conduit à rejeter tout handicapé non escorté dans leurs classes.


- Les enfants ont perdu 2h d’enseignement hebdomadaire alors que les programmes sont plus denses, comment pouvons-nous envisager qu’ils soient « bouclés » ? 


1° Organisation professionnelle : travail d'équipe au sein des cycles (répartition des objectifs ou de sous-objectifs dans les différents niveaux du cycle).

2° Des élèves plus coopératifs, mais ça exclut l'implication des seuls enseignants dans le contexte politique contemporain.


- Le traitement de la difficulté scolaire tend à s’effectuer en dehors du temps scolaire (2 heures de soutien pour les élèves, stages de perfectionnement pendant les vacances). Ces enfants qui rencontrent une inadaptation à l’école n’auraient-ils pas besoin de « mieux » plutôt que de « plus » ?


Justement : deux heures de moindre qualité (en groupe classe) en moins, deux heures de plus en mieux (aide individualisée).


Malgré les efforts des enseignants pour apporter une réponse à leur difficulté, qui mieux que les personnels spécialisés et formés du RASED peuvent les aider, pendant le temps scolaire ?


En adaptation ou en classe, les enseignants qui ne regardent pas les cancres comme d'incurables ratés peuvent aider les enfants en difficulté.

Dans un cadre plus large, la réponse est civique et politique. Elle dépasse les capacités d'intervention des seuls enseignants.


- Que penser des évaluations en CM2 mises en place en janvier, qui portent sur l’ensemble du programme de l’année, voire au-delà, dans lesquelles le système de notation soit tout juste, soit tout faux (même s’il n’y a qu’une erreur !) risque de placer un certain nombre d’élèves en situation d’échec ! A quoi bon établir un palmarès des établissements à la suite de ces évaluations ? Les parents auront l’illusion de choisir une « bonne » école pour leurs enfants, alors que bien vite, c’est l’école qui choisira les élèves qu’elle accueillera, faute de places disponibles en nombre suffisant.


En ce cas, les enseignants ne seront plus les seuls à connaître les établissements pourris. Leurs enfants connaîtront plus de concurrence pour intégrer les établissements honnêtes ou performants. Ach! Que la démocratie et l'égalité sont cruelles !


Nous ne voulons pas d’une école à deux vitesses !


Quand l'école aura deux vitesses, elle ira mieux parce qu'elle compte sensiblement plus de deux vitesses aujourd'hui.


- Que dire enfin des EPEP qui vont faire pénétrer le capitalisme à l’intérieur de nos écoles ! 


Ah oui, le capitalisme pour les nuls.

L'école publique tourne sur le capitalisme des collectivités. Pas de capitalisme d'État ou communal, pas de budget pour l'école publique. Vous savez, les fameux budgets en « coupes franches » – touche pas à ce capitalisme-là mais baissez quand même mes impôts, pas ceux des plus riches que moi !

Alors je suppose qu'on incriminait le capitalisme privé. Pour l'instant, à part les élèves-publicitaires (et quelques adultes) qui paradent avec les marques et les revenus tout à fait privés des personnels éducatifs, je ne vois pas de capitalisme privé dans les établissements publics.

« Faire pénétrer le capitalisme à l'intérieur de nos écoles », était-ce une sotte imprécation destinée à faire trembler les idiots utiles des syndicats enseignants ou une juste description s'appuyant sur les textes officiels ?


Comment pourrez-vous encore garantir les fondements de l’Ecole Républicaine après cela ?


Avec des baffes républicaines ?


Nous restons persuadés que l’école est un lieu à préserver.


Alors ça, nous en sommes tous persuadés. Mais la préserver de quoi ? De l'agitation politique des idiots utiles ? Par exemple ?


A l’heure où certains parents peinent dans leur rôle d’éducateurs,


« Il est gentil, mon fils. C'est le plus gentil mais il ne tape que si on l'embête. Il dit toujours la vérité. Nooooooon, il n'a jamais volé. C'est la première fois ! Tu dis pardon à la maîtresse... »


où les enseignants ne sont plus perçus comme des personnes à respecter,


... et où chacun remarque comme ils respectent loyalement les missions désignées par leur hiérarchie...


n’est-il pas temps de redonner à l’école une place prépondérante dans notre société ?


Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! IL FAUT CHANGER L'ÉCOLE !

Et si on arrêtait de bloquer les réformes de l'école, juste pour voir où elles aboutissent ? Hein ? Parce qu'il semble compliqué de faire pire qu'aujourd'hui.


Nous espérons que notre lettre saura retenir votre attention et que l’avenir nous montrera votre écoute et votre compréhension.


L'attention, l'écoute et la compréhension des parents d'élèves du président de la République (ou l'inverse).


Recevez, Monsieur le Président, nos salutations citoyennes.


Exit, les parents d'élèves. Les gens importants s'adressent au président.


A tous les parents,


« Chers idiots utiles étrangers à la maison et à ses avantages inhérents, »


Afin d’exprimer nos inquiétudes et notre mécontentement sur les réformes actuellement mises en œuvre ou à venir concernant l’Education Nationale.


Ne cherchez pas de verbe conjugué, c'est une phrase pour les parents d'élèves.

« Instits : après celui des élèves, leur niveau baisse ! »


Nous vous proposons, si vous le pouvez, de reproduire ce document et demander au plus grand nombre de personnes de l’envoyer à l’adresse suivante :


« Va, va chercher, l'idiot ! Je t'ai pondu une lettre pour te faire croire que ce qui est de mon ressort ne l'est pas et que si le président de la République ne demande pas à son ministre de l'Éducation de recruter plus de candidats susceptibles de grossir les rangs, les cortèges et les cotisations des syndicats, ton enfant qui ne tient plus en place en classe ou qui subira les outrages des cancres dans un collège pourri ratera sa vie et ses examens. »

***

« Marseillaise », haie d'honneur de la Garde républicaine montée (sabres et casques d'officiers) pour l'auteur de la lettre :


Monsieur le Président de la République

Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg St Honoré
75 008 PARIS

Au début du document, veuillez noter vos coordonnées : nom, prénom, adresse.

N’oubliez pas de signer à la fin.

Le courrier n’a pas besoin d’être affranchi


Mais la pensée de certains profs, si...

Allez, on reprend la documentation au début : propagande, URSS, PCF, etc.

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Commentaires
C
Ca fait du bien une deuxième lecture... j'ai bien ri, merci.<br /> C'est si triste... parce qu'on a parfois l'impression que ces gens qui crient fort à la liberté ne sont justement pas ceux qui veulent préserver leur petit bout de paradis, qu'ils "luttent" pour le bien-être de l'ensemble alors qu'ils pensent à leur bout de gras. Une démision massive des enseignants... ça serait un coup d'éclat ! <br /> Mais bon, voilà les vacances, on verra après, ok ? ;o)
Vise le prof !
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