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13 décembre 2008

Après l'IUFM, l'université ?

Une réforme de forme et de fond pour la formation des enseignants français du primaire...

Ce qu'on sait :

1. Les personnes titulaires d'un diplôme universitaire égal ou supérieur à la licence (bac + 3) pourront encore passer le CRPE (concours de recrutement des professeurs des écoles) au prochain printemps 2009. Les admis au concours et sur listes complémentaires intégreront l'IUFM en tant que PE2 (professeurs des écoles en 2e année de formation) durant l'année scolaire 2009-2010 et obtiendront leur premier poste d'enseignement à la rentrée 2010.

2. Les personnes titulaires d'un diplôme universitaire égal ou supérieur au master (bac + 5) pourront passer un concours de recrutement à partir du printemps 2010. Les admis obtiendront directement leur premier poste d'enseignement à la rentrée 2010, en même temps que les derniers admis au CRPE (mais pas au même salaire, les nouveaux recrutés ayant une rémunération revalorisée). (Source)

3. Soit dit en passant, quand les syndicats annoncent la suppression de 6 000 postes dans le primaire pour la rentrée 2009, ils insistent beaucoup sur les 3 000 postes de RASED supprimés et reversés dans les classes banales. Ce dont ils parlent moins, c'est des 3 000 autres postes. Normal puisqu'il s'agit de 3 000 postes de PE2 supprimés à la rentrée 2009 et attendus dans les classes à la rentrée 2010. C'est-à-dire en même temps que les nouveaux bac + 5 recrutés dont le nombre n'est pas mentionné ou connu. J'ai horreur de ce genre d'omission destinée à épouvanter la masse crédule des enseignants du primaire.

4. Pour les enseignants recrutés à partir de 2010, une formation en alternance est envisagée. Elle pourrait se faire comme pour les enseignants français du secondaire et comme chez nos voisins européens dont les élèves triomphent aux évaluations internationales des niveaux scolaires (Pisa et autres). Le succès desdits élèves est en effet attribué à une réussite pédagogique en relation avec la formation continue de leurs enseignants. Pour les enseignants recrutés avant 2010, la formation continue est toujours de rigueur mais je gage qu'elle soit accentuée sur les réformes du métier considérées comme nécessaires par bon nombre de spécialistes (pour approfondir...)

Ce qu'on ne sait pas :

1. Le sort des IUFM. Rien ne prouve qu'ils soient physiquement supprimés car il faudra bien conserver des sites pour la formation continue. Les autres sites universitaires sont saturées et il peut s'avérer intéressant de concentrer les moyens de formation et les personnels formés sur des sites communs et particuliers. Les sites changeront peut-être de nom. Le souhait de fondre la formation des enseignants dans le cursus universitaire avait amené l'intégration des écoles normales aux universités, mais ces centres de formation ont néanmoins poursuivi leur mode de formation en se contentant de se rebaptiser « IUFM » (instituts universitaires de formation des maîtres).

2. Le coût de la réforme pour l'Etat. Revalorisation des salaires des nouveaux recrutés contre suppression d'une année de formation rémunérée, cadence et moments de formation (sur la planète, les enseignants français comptent parmi les rares à se former sur leur temps de présence en classe, avec les coûts de remplacement afférents...). Globalement, l'Etat devrait y trouver des économies. Rien ne l'enrage davantage que de dépenser par élève plus que les autres pays occidentaux pour un résultat moindre (d'après les évaluations internationales des niveaux scolaires). Par ailleurs, les syndicats enseignants réclameront très probablement l'alignement progressif des salaires des anciens et nouveaux recrutés.

3. L'ardeur des diplômés bac + 5 à se jeter sur cette profession de professeur des écoles. Plus d'années d'études, plus d'heures de présence et plus de responsabilités face aux élèves pour un salaire moindre que les admis aux CAPES et autres CAPET... Le ministère a intérêt à soigner les tarifs !

4. Pour tacler, encore, les manipulations syndicales alarmistes, ce n'est pas LA formation initiale qui est supprimée mais un certain type de formation initiale. Après, que ça soit pire ou meilleur, je n'en sais rien.

5. Le succès de la réforme. Les recherches des grands chercheurs de l'éducation, confirmée par l'expérience de nos voisins européens, tendent à montrer que notre formation initiale actuellement dispensée dans les IUFM est relativement inapte et dépassée. Les réformistes veulent instaurer un système de formation qui ressemblera peu ou prou à celui des enseignants finlandais, dont on pourrait croire d'après ce que l'on en dit que chacun d'eux vaut un IMF de chez nous. Mais une réforme similaire en Belgique suscite des blocages et montre qu'il est difficile de transformer l'école sans l'assentiment de la masse des enseignants. Or les enseignants du primaire se sentent méprisés par leur ministère de tutelle. Ce sentiment est entretenu à la fois par les syndicats enseignants et par un oubli généralisé des difficultés de terrain par les institutions influentes (silence des syndicats, déni des PIUMF et des « intellectualisants bien-pensants » autoproclamés, défilement des autorités étatiques et politiques, abus et complicité de parents d'élèves...).

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Commentaires
H
bonjour, je viens de lire votre article et je souhaiterai avoir quelques précisions notamment sur les candidats admis sur la liste complémentaire.<br /> Je sais que ces candidats accèdent à la liste principale lorsqu'il y a un désistement. Mais, ceux qui restent sur la liste complémentaire alors qu'il n'y a plus de désistement, que deviennent-ils ? Pour le concours 2009/2010, vous précisez qu'ils passent tout de même PE2. Est-ce toujours le cas pour 2010/2011?<br /> Merci pour votre réponse.
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